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Voici la préparation de mon diplome de fin d'étude. Je travaille sur le quartier de la Lucilline à Rouen: un lieu excentré du centre au bord de la Seine et proche du nouveau pont levant.
Ce journal est un lieu de rencontre avec mes enseignants. Il me permet de leur présenter mon travail régulièrement et m'aide à organiser mes réflexions, mes recherches, mes interrogations...
Les messages sont classés par ordre chronologique. Ainsi les travaux les plus récents sont placés en haut de la liste. Le sommaire permet de trouver rapidement un travail dans l'archive du blog.

lundi 12 novembre 2007

Quartier Ouest - Evolution et histoire urbaine

La ville fortifiée était encerclée d’eau, bras mort de la Seine. Le Vieux Palais aux allures de château fort défendait l’accès au canal.

1789 : démolition Vieux-Palais. Constitution de lotissements
1800 : les faubourgs se peuplent des fabricants de draps et de cotonniers quittant le quartier de la rue du Robec. Ils y construisirent des maisons cossues.
1827 : De l’avenue du Mont-Riboudet au Havre-de-Grace avec Théodore Licquet, membre de l’académie Royale de Rouen et de la Société des Antiquaires de Normandie, 1827
Publié dans les Nouvelles de la Madelaine en février 1954.
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L’avenue du Mont Riboudet
On appelle Mont Riboudet cette petite monticule qui commence à l’extrémité de l’avenue, et finit un peu au-delà des barrières. La prairie qu’on aperçoit du coté de la Seine, s’étendait, il n’y a pas encore cinquante ans, jusque vers le pied de la côte du Mont-aux-malades. On sortait de Rouen et l’on y entrait par la route connue aujourd’hui sous le nom de pavé de Déville, qui aboutit d’un coté à la barrière, de l’autre à la place Cauchoise.
L’avenue du Mont Riboudet fut donc percée à travers la prairie, et plantée d’une quadruple rangée d’ormes. C’est aujourd’hui la principale entrée de Rouen, en venant du Havre ou de Dieppe. Le coup d’oeil est admirable, surtout de la monticule. A gauche, un vaste amphithéâtre de jardins potagers ; à droite, d’immenses pâturages terminés par le fleuve ; plus près de la ville, un tableau de marine, si nous pouvons le dire que Vernet eût été jaloux d’imiter ; tout cela forme un ensemble qui ne peut manquer de fixer délicieusement les regards du voyageur attentif.

La route du Havre
Après avoir traversé la belle avenue de Mont Riboudet, dans toute sa longueur, jusqu’à la barrière qui porte son nom, on laisse la route royale à droite, pour descendre dans la fraîche vallée de Bapeaume. Des filatures, des blanchisseries, teintureries, imprimeries de toiles peintes, communiquent à ce joli hameau le mouvement et la vie. Comme la vallée de Déville, sa voisine opulente, celle de Bapeaume est le séjour du travail, le théâtre de l’industrie, le tableau, toujours animé, d’une activité sans relâche. Ces différentes fabriques, agréablement distribuées dans le paysage, ajoutent encore, s’il se peut, à tous les charmes dont brille ici la nature.
L’homme insensible, dont le cœur est vide ; le stupide, qui n’a rien dans la tête, se reposent en haut de la côte de Canteleu pour reprendre haleine. L’observateur éclairé, l’ami des sublimités pittoresques, s’arrêteront aussi à ce point de leur excursion ; mais pour admirer, mais pour chercher à embrasser d’un coup d’œil, et avec un ravissement sans pareil, ce spectacle magique, ce panorama sans limites qui s’étend, se prolonge devant eux, et met en défaut leur regard. La crête de la montagne, qui domine à pic, pour ainsi dire, la profonde vallée de Bapeaume, semble une station établie par la nature entre le ciel et la terre. Décrive donc qui pourra les sentiments du voyageur, qui voit l’immensité sous ses pieds, et l’immensité sur sa tête.
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1880 : début de la construction du port en aval de la ville sur un terrain neuf gagné sur la seine et les îles.
Les armateurs et compagnies maritimes se font construire des immeubles, notamment au 38 de l’avenue Gustave Flaubert (architecte Ernest Lebrun). C’est sur le front de seine que se trouvent les bâtiments les plus prestigieux. Au n°18-22 du quai Gaston Boulet, l’immeuble de la Compagnie Charbonnière de Manutention et de Transport est construit vers 1919. En vis-à-vis au numéro 24 l’Office de navigation date de 1914 (architecte P. Lefebvre). Les rues adjacentes sont d’abord occupées par les entreprises de manutention, les remises, les entrepôts et les bars à matelot et hôtels. La chapelle St Olaf, est située (rue Dugay Trouin) à coté du foyer international des marins. A l’emplacement de la nouvelle faculté de droit siégeait le Champ-de-foire-aux-boissons où l’on trouvait les loges des marchands de vins.
Le long de la Seine, les quais du ports de commerce (Gaston Boulet, Ferdinand Lesseps) édifiés entre 1885 et 1914, sont dotés d’un équipement de manutention moderne : grues, hangars et voies ferrées.


1882 : réunion des îles Rollet et Méru pour former la presqu’île du Rollet
Cette ancienne île, artificiellement rattachée à la rive gauche, regroupait à elle seule en 1954, selon une carte huit sociétés charbonnières. La dernière a été démolie en 2001. Que faire de ces 52.000 m² ?
Pierre Albertini en 2001 « Je pense lancer en fin d’année un grand concours d’idée, ambitieux sur l’aménagement global des quais rive gauche en faisant travailler l’école d’architecture et, j’espère avec la participation des Rouennais. Cela dit, il nous faudra garantir l’implantation de la Foire St Romain, et celle des cirques. Au sujet de la presqu’île elle-même, il faut considérer le passage, au dessus, du 6ème franchissement, et la proximité des silos. Pourquoi pas un mélange loisirs/tertiaire? Il s’agit d’une perspective pour 2004-2005. »


1899 : mise en service du pont transbordeur

1902 : construction de la centrale électrique pour alimenter les premières grues électriques du port. Architecte Charles Fleury

1910 : construction d’une usine hydraulique quai Fernand De Lesseps

1912 : fin de la construction de l’église du Sacré Cœur
A Rouen, saint Fiacre (saint patron des jardiniers), possède sa chapelle dans l’église du sacré Cœur, paroisse ou les maraîchers sont nombreux. […] C’est l’abbé Daubeuf qui conçut l’idée de la construction de cette église et en demanda les plans à Lucien Lefort, architecte départemental. Il appartenait à ce dernier de tirer le meilleur parti d’un terrain étroit mais qui allait en s’élargissant, entre l’avenue du Mont Riboudet, la rue Binet et la rue de Bourgogne. […]
Tout cet ensemble, bâti par l’entreprise Monbray et Rasse en pierre dure de St Maximin, a été conçu dans le style roman du XI ème siècle. Les architectes de cette époque n’avaient pas su imposer un style qui leur été propre. […]
C’est surtout grâce à la ténacité de l’abbé Allard, […] que les travaux de la nouvelle église furent menés à bien. En 1890, on commença par la neuf ; en 1892, on attaqua le transept, le chœur, l’abside, les chapelles rayonnantes, en 1899, on commence la sacristie parallèle à l’avenue. Enfin le clocher, édifié un peu plus tard, fut béni par Mgr Fuzet le 2 juin 1912.
1920-1927 : le bassin St Gervais est creusé.

1927 : ouverture de la Source St Filleul
« Une conduite de décharge posée en poterie, puis en béton, après la rue de Constante, recueille ces eaux avec celles de différents fossés, pour les envoyer à la Seine en empruntant le passage Philibert et les fossés St Filleul, après avoir traversé l’Avenue du Mont Riboudet. »
« Mise à jour d’une ancienne fontaine.
Au cours des recherches et des fouilles effectuées rue St Filleul, il a été découvert à 30m environ au dessus de l’angle Nord Est de la rue Mustel et à 0.7m de profondeur, un corps de fontaine ancienne, en pierre, supportant son souillard en forme de cuvette, également en pierre.
Cette fontaine à jet continu était reliée par un plomb de 20m/m à la conduite de la source St Filleul passant 4.35m plus haut.
Lors du rechargement et de la modification du tracé de la dite rue St Filleul, la fontaine dont il vient d’être parlé, et qui aurait dû être déposée, a été enterrée jusqu’à son niveau supérieur qui accusait encore jusqu’à maintenant un léger relief sur le trottoir.
L’exhaussement de cette fontaine était d’ailleurs chose incompatible avec la hauteur de charge fixée par les bassins de la source St Filleul.
Les deux parties composant les restes de cette fontaine ont été provisoirement déposés dans les jardins des bassins de l’hôtel dieux. » Service des eaux de la ville de Rouen. 1927


1940 : destruction du pont transbordeur. Il est remplacé par le pont Guillaume Le Conquérant.

1950 : construction du Chai à vin.
Le chai à vin est inauguré le 15 décembre 1950. Architecte Maurice Levebvre. Ce chai est conçu pour gérer le transit de vin d’Algérie. Un système de conduits souterrains permet aux bateaux de vider leur contenu à quai. Le chai redistribue, par un système similaire le vin aux grossistes aux alentours. Le chai à vin est rétrocédé au port autonome en 1968, date de sa création. Une opération motivée par la chute de l’activité touchée par l’indépendance de l’Algérie. Malgré l’arrêt de son activité de chai relais, une occupation est maintenue ainsi qu’un poste d’entretien pour l’ensemble des installations en cuivre rouge. En 1993, le bâtiment est pillé de son cuivre.

1951 : aménagement de l’avenue du Mont Riboudet
Extrait de Paris Normandie – 27 juillet 1951 - Avec son refuge central planté d’arbustes, ses pistes cyclables, ses trottoirs, ses deux chaussées de neuf mètres de large, l’avenue du Mont Riboudet ressemblera à l’avenue de la grande armée.

Le sort de l’avenue du Mont Riboudet a ému les cœurs sensibles. Et d’abord, de quel droit arrachait-on ses vénérables platanes, centenaires depuis un an ? Dans quel dessein se permettait-on de défoncer les trottoirs déjà encombrés de cyclistes, de piétons et de voitures ? Un beau matin, sans crier gare, une nuée d’ouvriers s’étaient abattue sur l’avenue et, d’un coup de pouce, l’avait remuée sens dessus dessous.
Qu’on enlève les rails, passe encore. Les autobus nouvellement promus remplaçaient les tramways, ces vieux cars parisiens venus finir leurs jours entre dix terminus dans Rouen et la Demi-Lune de Maromme. Mais les arbres ! Et pourquoi faire ? On vous le demande.
Pour refaire l’avenue, tout simplement. Pour, en l’espace de quelques mois, la rajeunir, la hisser au niveau des plus modernes artères et si possible la rendre poins dangereuse.
L’avenue du Mont Riboudet totalise un impressionnant pourcentage d’accidents. Les habitants évoquent le soir ou un camion a emboutit une minuscule torpédo, ce dimanche de Saint Fiacre où un cycliste fût propulsé par une conduite intérieure, dans une baraque foraine. […] L’avenue du Mont Riboudet n’a pas d’histoire. Elle a cependant deux cents ans. Sur le papier du moins. C’est l’architecte Le Carpentier qui la traça en 1755, en même temps que toutes les rues situées entre le boulevard, l’avenue Pasteur et le Prède-la-Bataille.
Vers 1902, on parla beaucoup de modifier l’avenue. On envisagea un moment de l’évaser en son milieu en créant, à hauteur de la rue Jean Ango, un rond point de 60m comme celui des Champs-Elysées. On voulait faire de l’avenue une « entrée » en ville. […]
L’avenue sera coupée en son milieu par une bande de un mètre de large. Pour éviter que ce refuge ne serve de promenoir et pour l’agrémenter, on alignera des arbustes très bas. Entre les contres allés et cette haie centrale, les voitures circuleront dans chaque sens, sur une chaussée de 9 mètres de large. L’avenue du Mont Riboudet rappellera ainsi l’avenue de la Grande Armée.
Chaque contre allée comportera une piste cyclable obligatoire de 1.5m de large et un trottoir.
La chaussée sera bordée de jeunes arbres espacés de 6m. En raison su terrain sablonneux et de la poussière due à la proximité du port, on a choisi à nouveau des platanes, essence plus résistante et tout aussi agréable que les autres. […]
Pendant que les immeubles poussent enfin à rythme acceptable au cœur de la ville, la route européenne n°1 qui est aussi la route de l’Amérique se fraye à travers Rouen un chemin digne de son fabuleux destin : conduire du Havre à Paris, en deux heures et demi, ceux que passionnent encore les lumières du vieux continent. (Roger Parment)


1957 : la construction des Docks en béton s’achève.

2001 : mise en service du TEOR et installation de la faculté de droit

2002 : enfouissement de la Lucilline
Extrait du Paris-Normandie – 17 décembre 2002 : « Un secteur en grande partie occupée par de vieux entrepôts, quelques maisons jumelées anciennes, des commerces disparates et des concessions automobiles. Et au milieu coule une rivière (désormais souterraine) : la Luciline. Son lit a servi à délimiter les parcelles des maisons construites le long du passage…de la Luciline. Et à baptiser cet îlot. »
« Chez cette habitante du passage, même incertitude [faisabilité du projet]. Une nouvelle rue doit passer en plein sur ma maison. Je ne suis pas pressée de vendre. J’attends que la ville me paye ce que je demande. J’aime bien le quartier mais je suis embêtée par les inondations. Un autre propriétaire assure lui aussi avoir été contacté par la ville. Lui aussi attend une meilleure offre pour vendre. En revanche pour Gérard Blottière, président de l’automobile club normand, on ne peut être que d’accord avec le projet. C’est le quartier qui va bouger. Avec le sixième pont, le changement ne va être que bénéfique. »


2006 : construction sixième franchissement

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